L’abolition de l’esclavage

 

L’année 1791 marqua le début des insurrections des esclaves à Saint-Domingue qui furent marquées par l'incendie des plantations et des massacres de colons. Par conséquent, la Convention nationale réagit pour les colonies françaises par le décret de 1794 qui passe pour la première interdiction de l’esclavage proclamée par une puissance coloniale :

 

 « L’esclavage des nègres dans toutes les colonies est aboli. En conséquence […] tous les hommes sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution. »


Mais sous la pression des troubles continuels qui eurent lieu par la suite dans les îles, Napoléon Bonaparte rétablit l’esclavage en 1802. A l’issue de combats incessants, en 1804, Saint-Domingue réussit pourtant à devenir Haïti, la première République indépendante des Noirs au monde, tandis que la Martinique et la Guadeloupe restent dans le giron de l'Empire français.

Une fois Napoléon définitivement déchu, les puissances victorieuses européennes interdiront définitivement la traite (mais pas l'esclavage) par le traité de Vienne de 1815, et ce, pour des raisons religieuses, économiques et géostratégiques.

 

Néanmoins, les expéditions françaises continueront même pendant l’époque de la Restauration (1814-1830). Devenues clandestines, elles signifient alors pour les esclaves transportés des conditions de vie durant le voyage encore plus dures. Selon l’Histoire du commerce homicide appelé Traite des Noirs de Thomas Clarkson (1760-1846), le captif disposait de « moins d’espace qu’il n’en occupera dans son cercueil. […] Il en est beaucoup où les esclaves ne peuvent se coucher que sur le côté […] ils sont continuellement nus, et ils n’ont sous eux que des planches. » (1822). Quand un capitaine illégal craignait un contrôle ou un manque de réserves, il ordonnait sans hésitation à ses marins de jeter une partie de leur cargaison humaine par-dessus bord. Dans le Journal de la Société de la morale chrétienne paru en 1826, on peut ainsi lire :

 

« Or Messieurs, avant l’abolition de la Traite, lorsque le commerce se faisait, je ne dirai pas légitimement, car la religion et la morale l’ont toujours condamné, mais ostensiblement et avec régularité, on estimait au cinquième ou au sixième la perte qu’avait à subir une cargaison humaine depuis son départ sur la côte d’Afrique, jusqu’au marché des Antilles. Aujourd’hui tout le monde convient que la loi illusoire qui prohibe la Traite n’a fait qu’en redoubler les horreurs. »

 

La date définitive indiquant l’abolition de l’esclavage est le 27 avril 1848. Le Gouvernement provisoire de la deuxième République a signé le décret ordonné par l’homme politique français Victor Schœlcher (1804-1893) qui a mis fin à l’esclavage dans les Antilles et qui a marqué l’arrêt réel des expéditions négrières françaises. Son corps est toujours inhumé au Panthéon de Paris, un endroit qui rend honneur à de grands personnages ayant marqué l’histoire de France. 

Julia Seiwert.