Nantes, une ville de paradoxes

1er Juillet 2015. Alors que l’Allemagne et Francfort se retrouvent écrasées par un « épisode caniculaire », les températures estivales y battant des records comme dans le centre de la France, c’est dans une Nantes « fraiche » que nous débarquons après un long voyage de près de neuf heures. Ouf et enfin ! Nous sommes bien dans l’Ouest de la France, et l’Atlantique, qui se trouve à moins de 60 kilomètres, nous apporte son air du large apaisant. Bon début, car de fait tout ne fait que commencer. A nous deux Nantes !

Avant d’entrer dans les détails cependant, petit tour d’horizon synthétique et balade dans la ville.

 

Reliefs et climat

Nantes, capitale de la Région des Pays de la Loire, ainsi que chef-lieu du département de la Loire-Atlantique se trouve plus précisément, à l’extrême sud du massif armoricain. Construite sur ses contreforts, qui la protègent et expliquent son relief en pente douce, Nantes s’étend de là sur les rives de la Loire.

La superficie de la ville est de 65,19 km2. Avec une population municipale de 291.604 habitants en 2012 (et de 4473 hab. / km2), Nantes est la sixième commune la plus peuplée de France. La population de l’aire urbaine, elle, était de 873.133 habitants en 2010, ce qui en fait la huitième aire urbaine de France.

Mais, quand on parle de Nantes, port fluvial et ville de commerce depuis sa fondation, impossible de ne pas parler de Saint-Nazaire. Cette commune de 67.940 habitants (en 2012), distante d’une cinquantaine de kilomètres, est son port maritime, son ouverture sur la mer. Fonctionnant à deux depuis toujours, elles constituent ce que l’on appelle aujourd’hui le pôle économique du « Grand Ouest » (voir Saint Nazaire, son port, ses plages).

Pour Brigitte Château, guide conférencière de la municipalité, c’est bien cette

« ouverture sur l’ailleurs » qui rend inclassable Nantes. « Cela a toujours été une ville de paradoxes » : Bretonne historiquement, mais pas vraiment bretonne économiquement, royaliste au début de la Révolution puis républicaine, « blanche et rouge », démocratisant la musique classique avec les « Folles journées de Nantes », mais temple du Hard-Rock avec le festival Hellfest…

En attendant et grâce à cet « ailleurs », son climat est vraiment tempéré tout au long de l’année. Avec des températures allant de -5°C à +10°C, les hivers sont doux (et pluvieux). Les pluies sont fréquentes mais peu intenses, 820 mm de précipitations par an. Pourtant, cela peut fortement varier d’une année à l’autre. La neige est plutôt rare à Nantes. Le climat décrit est assez favorable à la végétation de la ville. C’est la raison pour laquelle on y trouve plusieurs parcs et jardins. « Notre tradition de jardin est très ancienne et due naturellement à l’activité portuaire de la ville» explique Brigitte Château. A Nantes, les palmiers poussent presque comme les mauvaises herbes, de même que de multiples autres plantes exotiques ou du moins rares, toutes documentées à leurs pieds. En 2013, Nantes a de ce fait gagné le Prix de la capitale verte européenne.

 

A Nantes, l’eau est aussi omniprésente. « De par sa position géographique, Nantes est une ville d’eau", poursuit la guide nantaise. "Construite à la confluence de l’Erdre, de la Sèvre et de la Loire - rivières et fleuve qui la traversent du Nord au Sud et d’Ouest en Est - elle était jusqu’au début du XXième siècle aussi appelée la « Venise de l’Ouest » car recouvrait pas moins de 8 îles et avait 33 ponts. Entre les deux guerres et dans les années 50 cependant, pour des raisons d’hygiène et afin d’endiguer les problèmes d’inondations chroniques, une partie du cours de l’Erdre et des bras de la Loire ont été comblés. Ce qui donne aujourd’hui ces larges rues et avenues et, ce faisant, le côté très aéré, large et vaste du centre-ville, qui par ailleurs depuis quelques années est entièrement piéton»

 

Un peu d’histoire

Nantes doit son nom à une tribu gallo-romaine, les "Nammètes", qui en font leur capitale. Jusqu'au IXème siècle, elle sert de point d'appui des Francs contre les Bretons. Mais ceux-ci, menés par Nominoë, parviennent à la conquérir (851) et dès lors, Nantes passe dans le giron des Ducs de Bretagne qui y résident volontiers. De cette période, qui s'achèvera au début du XVIème siècle avec l'union définitive de la Bretagne au Royaume de France, subsiste le "Chateau des Ducs de Bretagne" où la célèbre duchesse Anne vit le jour. Par la suite, Nantes perdra sa prééminence politique locale au profit de Rennes.

 

On la retrouve cependant dans l'histoire nationale à plusieurs reprises : en 1598, c'est dans cette ville catholique que le roi Henri IV, ancien protestant, signe l'Edit de Nantes qui marque, pour un moment, la fin des guerres de religions en France.

Durant la Révolution, Nantes devient un "bastion" républicain contre les Chouans, royalistes vendéens et bretons, qui alliés avec les anglais, tentent de reconquérir la France pour y réimposer l’Ancien régime. Les batailles qui y auront lieu, se termineront cependant toutes par leur défaite. La répression contre les Chouans y sera terrible.

 

Mais c’est surtout en termes économiques que Nantes entre dans l’histoire. Sa situation fluviale ayant favorisé son activité portuaire et commerciale, Nantes se lance dans le commerce « en droiture » entre l’Europe et les Amériques dès le XVIème siècle. Ce dernier sera suivi par le commerce « triangulaire » (Europe – Afrique – Amériques) quand la traite négrière sera autorisée en 1642 afin de pourvoir en main d’œuvre les plantations françaises des Caraïbes et autres.

Résultat : au début du 18ème siècle, Nantes est le premier port et « port négrier » de France, et un des plus important d’Europe en la matière (voir Capitale de la Traite négrière).

Un des bénéfices de cet essor du et de « ce » commerce a été le développement urbain.



 « En vous promenant dans les rues de l’ancien quartier médiéval du Bouffay", commente Brigitte Château, "vous pouvez constater que contrairement à d’autres villes, Strasbourg par exemple, il n’y a plus de maisons à colombages, exceptées deux ou trois, mais des immeubles massifs en pierre. Et pour cause. Au XVIIIème siècle, quand la traite négrière et le commerce en droiture battent leur plein, Nantes est une ville devenue très riche qui a vu sa population doubler en 100 ans, soit passer de 40 000 à 80 000 habitants. Dans ce cadre, la municipalité met alors au point un nouveau « plan d’urbanisme » qui prévoit la démolition de toutes les maisons en bois, trop sujettes à incendies, et la construction d’immeubles en pierre… ». Et de pester, en bonne patriote locale, contre Paris : « Paris n’a jamais été en avance ! Quand je pense que dans la capitale il y a encore des escaliers en bois qui partent du rez-de-chaussée, cela me sidère ! La rénovation urbaine n’y a été là-bas réalisée qu’à la fin du XIXième siècle ! ».

Certes. Mais encore. Pour ce qui est du quartier du Marais à Paris, il aura fallu attendre 1980… quand à Nantes, les riches armateurs, disposaient depuis 1720 de tout le confort moderne dans leurs jolis hôtels particuliers de l’Ile Feydeau…

Au 19ième siècle, une fois la Traite, vraiment asséchée et l'esclavage aboli (1848), Nantes et la Basse-Loire parviennent à se reconvertir et deviennent l’un des rares territoires de la révolution industrielle dans l’Ouest de la France. Naturellement, l’industrie s’y développe en lien avec l’activité portuaire. Les points forts : la métallurgie, la construction navale et l’agroalimentaire, comme le sucre et le tabac (toujours), mais aussi les conserves et les biscuits (LU et B.N).

Nantes a connu une transformation importante de sa base économique depuis les années 1960 (voir "La tertiarisation de l'économie" et "Le facteur culture"). C’est aussi grâce à la renaissance de l’université, à la multiplication des écoles d’ingénieurs et aux services aux entreprises. En outre, les constructions des chantiers urbanistiques, comme le tramway, ainsi qu’une politique culturelle et active ont modifié l’image de la ville. Aujourd’hui elle bénéfice d’une reconnaissance nationale et internationale !

 

L’organisation administrative

La question de l’appartenance administrative de Nantes et du département de la Loire Atlantique à la région Bretagne est régulièrement l’objet de débats (voir « Nantes est-elle bretonne ? » et "Le débat sur le rattachement à la Bretagne").

Depuis 1995, Nantes a été divisée en 11 quartiers administratifs qui ont été partagés à leur tour en micro-quartiers. Chacun possède d’un comité consultatif, des élus référents et d’une équipe de techniciens municipaux.

Avec 23 communes, Nantes forme la métropole « Nantes Métropole ». De plus, la ville est divisée en 7 cantons dont les limites ne coïncident pas avec celles des 11 quartiers. Chaque canton est représenté par deux conseillers, toujours un homme et une femme.

En 2014, le conseil municipal consiste de 65 membres, 25 adjoints et 39 conseillers municipaux. La maire actuelle est la socialiste Johanna Rolland qui a succédé à Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes de 1989 à 2012, date où il est devenu Premier Ministre du gouvernement de François Hollande, Président de la République nouvellement élu.

 

Lisa Unterlechner et Valérie Kuhlmann