Saint Nazaire, son port, ses plages

Si aujourd'hui Saint-Nazaire est le port autonome de Nantes et le quatrième de France, il n'en fut pas toujours ainsi. Loin de là.

De fait et pendant longtemps, Saint-Nazaire ne fut qu'un petit village de pêcheurs et de "lamaneurs" soit de pilotes qui guidaient les bâteaux venant de l'Atlantique dans l'estuaire de la Loire. Au moment même de l'apogée de la Traite négrière et du commerce en droiture avec les Antilles, alors que les bateaux marchands ne pouvaient pas arriver jusqu'à Nantes du fait de la faible profondeur de la Loire, pour autant, ce n'est pas à Saint-Nazaire qu'ils débarquaient leurs marchandises, mais au "Croisic" ou à "Paimboeuf", ports des environs. Le reste du trafic marchand se faisant alors sur des "gabarres", petits bateaux à fond plat, qui remontaient l'estuaire jusqu'à Nantes.

Ce n'est qu'au milieu du XIXème siècle que Saint-Nazaire commença son expansion avec la construction d'un profond bassin pour accueillir des bateaux transatlantiques au tonnage toujours plus important. La création dans la foulée de la Compagnie Générale Transatlantique à qui fut confié le monopole du service postal avec les Antilles et le Mexique lui assura ses débouchés. Enfin, en 1881, la construction d'un deuxième bassin confirma Saint-Nazaire comme port de front d'estuaire de Nantes. En 2009, le trafic de marchandises y était de 29,7 millions de tonnes. Ses points forts sont les hydrocarbures ou le bois (premier port de France et quatrième d’Europe).

 

Parallèlement, à la fin du XIXème siècle, des chantiers navals se sont établis à Saint-Nazaire de manière à pouvoir construire des bateaux à fort tirant d'eau. Les chantiers de Nantes seront absorbés par ceux de Saint-Nazaire au début des années 1980.

La fin du XXième siècle voit en effet la montée en puissance de la concurrence asiatique (Japon, Corée) et l'évolution de la demande vers de grands pétroliers... l'activité des chantiers navals va alors être faite de hauts et de bas prononcés en fonction des commandes ou non de grands paquebots ou méthaniers, et aujourd'hui encore leur situation est très instable. On y construit des navires de haute technologie. L’industrie aéronautique est également encore très présente. Il y a une usine à Nantes et une à Saint-Nazaire, ce qui représente le deuxième site d’airbus en France. Les autres secteurs importants sont l’agroalimentaire, la mécanique, l’informatique et l’électronique. Saint-Nazaire reste donc une ville ouvrière.

 

Lisa Unterlerchner

Ville portuaire de la côte atlantique, il est facile d'imaginer que lors de deux derniers conflits mondiaux et européens, Saint-Nazaire fut mise à contribution.

En 1917, c'est en effet ici, que les troupes américaines (250 000 soldats, 3 millions de tonnes de matériels) débarquèrent pour prêter main forte aux français et britanniques dans leur dernier combat contre l'empire Allemand. En signe de remerciement et de reconnaissance, un monument fut érigé en 1926 sur une des plages au nord de l'estuaire, que, depuis, tout le monde appelle le "Sammy". On y voit un soldat américain, debout en équilibre, les bras en croix, sur un grand rapace aux ailes déployées et ayant à la main gauche une épée baissée vers le sol... Certains voient celle-ci comme un signe bienveillant, le "Sammy" volant sur son aigle pour venir délivrer ses amis alliés. D'autres un geste menaçant dont le but est de terrasser l'aigle impérial allemand...

Durant la seconde guerre mondiale, les allemands, qui n'apprècièrent pas, dynamitèrent ce monument (qui ne fut reconstruit qu'en 1989) et construisirent dans le port une base sous-marine destinée à accueillir leurs grands cuirassés... Celle-ci subsiste encore aujourd'hui et accueille des musées.

En 1945, la libération de Saint-Nazaire donna lieu à d'intenses combats, les troupes allemandes résistant jusqu'au bout pour conserver ce lieu géostratégique, voire au delà même de la capitulation officielle du 3ème Reich (11 mai). L'épisode, qui dura près d'un an, est passé à la postérité sous le nom de "poche de Saint-Nazaire".

Détruite à 83% à l'issue de la guerre, Saint-Nazaire fut reconstruite, tout comme le Havre, au cordeau. Ce qui un jour de juillet à midi, laisse une impression étrange : rues droites, immeubles bas, quelques enseignes connues dans un océan de marques bon-marché. Une quincaillerie qui semble résister. Le tout fermé et désert. Avec au bout, cependant, la mer. 

 

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