Une économie tertiarisée 

L’économie nantaise a longtemps été structurée par son port et son industrie. Durant presque tout le XVIIème siècle et jusque dans les années 1830, la ville participe à la traite des esclaves, pratiquant le commerce du « bois d’ébène » parallèlement à celui du tabac, du sucre, des épices et autres biens coloniaux rares et exotiques pour les occidentaux. À cette époque déjà, la construction navale est donc aussi une activité industrielle très importante, les deux secteurs travaillant de concert.  Les chantiers navals « Dubigeon » ont été fondés en 1740 sur l’Ile de Nantes et marqueront profondément l’image de la ville et son identité socio-économique pendant deux siècles. Après l’abolition de l’esclavage en 1848, cette activité de construction navale perdure en effet, avec une délocalisation partielle à Saint Nazaire pour la construction de grands paquebots transatlantiques, pour s’achever dramatiquement en 1987. Concurrence asiatique aidant. 

Cette disparition de l’industrie a cependant dès lors été compensée par un développement impressionnant du secteur tertiaire qui dispose de nouveaux services et des technologies de plus en plus avancées. Aujourd’hui et comme déjà vu par ailleurs, ce sont les secteurs de l’informatique / numérique, des banques/assurances, de la santé, de la recherche qui font se développer Nantes. A une vitesse grand V, les concours, rencontres de « Start Up » étant quasi incessants (plus de quinze par an) et arrivant à débaucher même des petites entreprises suisses ou irlandaises.  « Nantes est une ville de commerçants, une ville d’entrepreneurs dans l’âme, de gens qui prennent des risques » avance Brigitte Château, guide conférencière de la municipalité. Peut être est-ce pour cela qu’à chaque fois qu’elle a connu une crise économique – et la fin de la Traite donna lieu à une crise économique – elle a su rebondir. Chercher de nouvelles activités, de nouveaux débouchés ».

Aujourd’hui, l’économie nantaise se porte donc bien, voire très bien. La métropole est le premier pôle économique de la région Grand Ouest, avec plus de 40 000 entreprises. Entre 1997 et 2008, plus de 50 000 emplois salariés privés ont été créés, soit une croissance de 24% ! Un dynamisme qui, par ricochet, favorise aussi de manière intéressante les relations franco-allemandes puisque "ce qui fonctionne très bien en ce moment, explique Jan Rhein, lecteur détaché par le DAAD au Centre Culturel franco-allemand, ce sont les cours d'allemand "pour la profession", avec des apprenants pas que français mais aussi étrangers"

Dans ce cadre, la dominance du secteur tertiaire est frappante: ce secteur constitue 82.5 % des emplois en général tandis que l’industrie, la construction et l’agriculture jouent un rôle secondaire. L’industrie n’en représentant plus que 11%, la construction 6% et l’agriculture 0.5%. Cette croissance économique se reflète aussi dans un taux de chômage de 8%, ce qui est relativement faible en comparaison avec le taux national. En moyenne, il y a une croissance de l’emploi de 1.8% sur un an. Contrairement à la plupart des régions françaises, le solde d’emplois est positif, ce qui est bien illustré dans la figure suivante.

Bien que la dominance du secteur tertiaire soit évidente, il existe toujours un socle industriel qui est relativement fort. En construction navale, Nantes est, avec Saint-Nazaire, le premier pôle national. Avec le deuxième  pôle d’Airbus, qui est situé à Nantes, la ville maintient également une activité importante en aéronautique. Dans le secteur agroalimentaire, la métropole est aussi le premier pôle français.  De nombreuses entreprises internationales de cette branche sont installées dans la région, comme par exemple LU-Kraft Foods ou Nestlé.

Dans ce contexte, il faut souligner l’importance du facteur culture qui a fonctionné en tant que moteur de la croissance économique. À cet égard, il est particulièrement important de mentionner l’élection de Jean-Marc Ayrault comme maire en 1989. Celui-ci a soutenu de nombreux projets culturels. Si on considère le développement économique, on voit que c’est une politique culturelle ambitieuse et offensive qui a contribué au succès et à l’attractivité de la ville.

 

En résumé, Nantes a changé son profil totalement en 30 ans et l’économie s’est développée de l’industriel au tertiaire. Seul point noir au tableau : le chômage des jeunes de 18 à 25 ans. Dans la moyenne nationale (24%), on peine à se l’expliquer car par ailleurs, Nantes dispose de nombreuses écoles proposant des parcours professionnalisant et le Conseil Régional consacre une grande partie de son budget à la formation professionnelle, la recherche et le développement économique. Dans ce contexte, Edith Geslin et Laurent Gauchot du journal Ouest-France en sont venus à avancer une explication plus structurelle : « la France ne sait pas faire place à ses jeunes et cela est dramatique. Il y a un réel problème de confiance qui va au delà des diplômes obtenus ou non. Où qu’il veuille travailler, il est extrêmement difficile pour un jeune d’entrer dans le marché du travail car systématiquement, on lui demande « de l’expérience ». Mais d’où doit-elle venir cette expérience ! »


Ilirjana Sandrijaj