Le Mémorial de Guadeloupe

Sur l’île de Guadeloupe, par le biais d’une lente prise de conscience, on essaie aussi maintenant de se confronter avec ce passé et de prendre la route de la réconciliation. Inauguré le 10 mai dernier, le Mémorial ACTe est ouvert au public depuis le 7 juillet. Sur les terres d'une ancienne fabrique de sucre, c’est aujourd'hui le lieu de mémoire sur l’esclavage le plus important du monde. L'immeuble ressemble à un navire négrier. Le but est d'attirer des touristes qui s'intéressent à l'histoire de l'esclavage, notamment des Américains, mais aussi les habitants de l’île. Le Mémorial joue un rôle important. L'Histoire de France est bien connue, mais celle qui commence en Afrique et se termine aux Antilles l’est beaucoup moins. Certains préfèrent ne pas y penser car il est très douloureux de savoir que ses ancêtres ont été réduits en esclavage. Mais le problème est qu’en ignorant ce passé, il est difficile d’en faire table rase, de tourner la page : les rancœurs demeurent. Or si pour les personnes âgées de Point à Pitre ou autre, il est toujours très difficile de parler de leurs racines, les jeunes, eux, veulent connaître leur histoire. Le passé est néanmoins présent sur l’île, que l’on en parle ou pas. La Guadeloupe ne s'en est toujours pas remise. Dans un pays où le chômage reste très élevé, le projet d'un Mémorial, qui a finalement coûté plus de 83 millions d’euros, a été très critiqué. Mais les initiateurs sont surs d’eux : si elle ne regarde pas son passé avec courage, l’île ne pourra pas aller vers un nouvel avenir sans discrimination. Lilian Thuram, célèbre footballeur qui faisait partie de l'équipe de France en 1998, guadeloupéen et très engagé dans la lutte contre les discriminations de toutes sortes est venu pour l'inauguration de Macte. Il a expliqué : "Le pire qui puisse arriver à un peuple est de perdre la mémoire".

 

 

Julia Schiltenwolf